Moralité(s)?
Barbe-Bleue de Charles Perrault (1628-1703) apprend aux enfants que la curiosité est un bien vilain défaut et que ce défaut est particulièrement féminin. La jeune épouse et ses deux sœurs ne peuvent résister à la tentation d’ouvrir la porte défendue. Au final, que reste-t-il? Le méchant Barbe-Bleue est puni et l’héroïne apprend que la curiosité peut coûter cher, sans plus. La jeune fille ne tire pas les leçons de ce qui lui est arrivé et, par conséquent, ne grandit pas.
Evelyne Castellino s’est intéressée à une autre lecture de ce conte initiatique, celle de Clarissa Pinkola Estès, psychanalyste d’origine indienne (Cheyenne, Wyoming) docteur en ethnopsychologie, poétesse et artiste, gardienne des vieilles histoires et auteur entre autres de « Femmes qui courent avec les loups ». Barbe-Bleue traite du thème du chasseur, de l’homme noir, du prédateur. Il représente cette force que tout enfant, tout être humain doit combattre à l’intérieur de lui-même. Mais pour combattre ce que l’on pourrait aussi appeler une « idée noire », il faut rester en possession des ses pouvoirs instinctuels comme la perspicacité, l’intuition, l’endurance, la sensibilité, l’amour de la nature, l’amour de la vie.